RAGE

Danse Musique
Infos pratiques :

〓 Date & Horaires 〓

Vendredi 27 septembre 2025 à 20h.Ouverture des portes à 19h30.

〓 Billetterie 〓

sur place + en ligne
Tarif unique : 10€

Bar et petite restauration sur place (espèces & CB acceptées).

 

d’après la Rabbia de Pier Paolo Pasolini

qu’est-ce qu’une image de la rage ? quel mouvement inspire le mot de la rage ?

je la vois dans la couleur bleue et l’odeur enivrante des feux de déchets que j’ai regardé la nuit dans la brousse. je la vois dans les tourbillons perpétuels des eaux agitées par les torsions du rivage du fleuve en décrue, ou dans la houle de l’océan. je l’entends dans les cris d’une foule anarchique, dans le plafond d’une foudre. dans les bruits qui s’engouffrent dans le béton en friche, j’entends les voix de sorcières venir.
et je me souviens de la maladie de la rage (en Ethiopie), l’urgence dans laquelle j’ai vu des gens voyager pour un vaccin avant l’hydrophobie, et la mort. l’urgence de tuer tous les chiens.
le corps réapparait face au danger hypnotique, face à ce qui est irréversible.

car nos corps ont disparu ; sous cloche (sanitaire) nous avons cessé de muer, nous avons muté côtoyant l’informe norme que nous reflétons dans l’étang lisse (l’écran). les comédies sont engourdies, les mots consumés consomment semblance et idolâtrie.
les rages sont latentes cependant, nous cherchons quel drapeau dresser qui ne soit ni d’un parti ni d’une foi amiantée. si nous levions ce drapeau à fleur de feu, à fleur d’eau, quelle couleur aurait-il ?

la rage n’est pas colère ni haine

« Que s’est-il passé dans le monde, après la guerre, et l’après-guerre ?
La normalité.
Oui, la normalité. Dans l’état de normalité, on ne regarde pas autour de soi : tout autour se présente comme « normal », privé de l’excitation et de l’émotion des années d’urgence. L’homme tend à s’assoupir dans sa propre normalité, il oublie de réfléchir sur soi, perd l’habitude de se juger, ne sait demander qui il est.
C’est alors qu’il faut créer, artificiellement, l’état d’urgence : ce sont les poètes qui s’en chargent. Les poètes, ces éternels indignés, ces champions de la rage intellectuelle, de la furie philosophique. […]
La rage commence là, avec ces grandes, grises funérailles. »
La Rabbia, Traitement, P. P. Pasolini

RAGE réfléchit ces différents mouvements de rage, allant des impressions individuelles et communes aux réalités symptomatiques biologiques et politiques.

le processus d’écriture chorégraphique émerge d’extraits choisis du poème-scénario La Rabbia (La Rage). c’est un travail de dissection de la langue, de recherche du geste comme devenant la traduction de mots dans le regard critique et sans pitié que pose Pier Paolo Pasolini sur le monde de l’après-guerre. un monde qui scande une beauté mortifère, une culture rapide, isolant les classes sociales davantage.
c’est un texte ponctué par les morts et les chemins des morts. mineurs, soldats, paysans, Marilyn, la bombe atomique.

et je cherche à me mettre en écho ce texte dans le temps non abstrait de notre histoire actuelle. dans ce contexte de « retour à la normal », les réalités et virtualités se côtoient voire s’inversent, elle nous transforment, nous transgressent et nous habitent.

est-ce qu’acter un état d’urgence – un état d’émergence – est l’incarnation de corps dansant, absolument ?
ou prend-il le chemin du débordement du corps faisant déborder l’identité même ?

le corps est politique. quand devient-il poétique au point de sortir soi ? par quel labeur, par quel artisanat du corps et du geste ?

production : LOVALOT 

coproductions : 3 bis f, GMEM, Honolulu, La Muse en Circuit

accueils  résidence – Montévidéo Marseille, La Remise et Cie Marie est de la Nuit, La Fonderie, O Espaço do Tempo avec la participation de L’institut Français du Portugal, Les Instants Chavirés – Montreuil, kunstencentrum BUDA, Le Générateur, La libre Usine / Lieu Unique

avec soutien de la DRAC Ile-de-France dans le cadre d’une aide à la création

© RAGE, Anna Gaïotti

ANNA GAIOTTI

Artiste performeuse chorégraphe, musicienne, écrivaine. Elle fabrique une écriture chorégraphique et musicale qui relie le texte et corps. Elle vise à confronter la question de l’émancipation sexuée, les doutes face aux normes, la relève de la fiction et du conte sur le réel, la construction et déconstruction d’identités personnelles et communes, la vie face à […]
ANNA GAIOTTI

Artiste performeuse chorégraphe, musicienne, écrivaine. Elle fabrique une écriture chorégraphique et musicale qui relie le texte et corps. Elle vise à confronter la question de l’émancipation sexuée, les doutes face aux normes, la relève de la fiction et du conte sur le réel, la construction et déconstruction d’identités personnelles et communes, la vie face à la mort. Le corps est d’abords un support pour publier une poétique comme une façon de militer politiquement. Le corps-théâtre est capable d’endosser les humanités et les inhumanités. Elle dialogue avec des artistes des scènes de musiques expérimentales, scènes noise dont elle est issue et où elle se produit régulièrement en tant que claquettiste. Ses créations sont l’invitation à écouter des bruits, les sons déviants ou étranges. Sa pratique autodidacte des claquettes (depuis 2012) l’amène à réfléchir et à toujours re-questionner la production et l’acte du son – du rythme – et du geste incarné dans une même entité. Chacune de ses créations tendent à débrider la fracture entre la musique et la danse, celles-ci imprégnées d’un univers visuel extraordinaire qu’elle se construit. Elle commence un travail de performance suite à sa rencontre avec Antonia Baehr alors qu’elle étudie au Beaux-Arts de Paris et à la Kunsthoschule Berlin-Weissensee. Elle intègre ensuite ESSAI au CNDC d’Angers (2011-13) puis Research à P.A.R.T.S, Bruxelles (2017- 18). Elle collabore avec les artistes musicien.nes Nina Garcia pour Plus de Muse Mais un Troupeau de Muets (2016), Thibaut de Raymond aka Raymonde IIII pour PALSEMBLEU (2018), VIERGE NOIR E (groupe qu’elle fonde avec Léo Dupleix et Sigolène Valax en 2016) pour BAL DES LAZE (2019), LES ANTÉCÉDENTES (2020) et A Kiss Without Lips (2021). Elle performance le duo MUON S avec le musicien Jean Bender depuis 2022. Et joue avec le musicien compositeur Jean-Luc Guionnet depuis 2018. En 2022, elle co-signe Une nuit entière avec la chorégraphe Tatiana Julien. Elle nourrie son travail et ses outils à travers ses rencontres avec Min Tanaka et le travail de Tatsumi Hijikata, la composition instantanée qu’elle explore auprès de Mark Tompkins et Meg Stuart, ou encore Rosalind Crisp qui allie danse et Body Mind Centering. Son travail de création et de performance est soutenu par la Ménagerie de Verre (Paris), La Soufflerie (Rezé) dont elle est artiste associée de 2020 à 2024, Honolulu (Nantes), La Pop (Paris), le Kunstencentrum BUDA (Kortrijk), le Festival NEXT, la Rose de Vents (Villeneuve d’Ascq), le Théâtre de l’Oiseau-Mouche (Roubaix), Montévidéo (Marseille), Klap Maison de la Danse (Marseille), le GMEM (Marseille), la GMEA (Albi), le GRAME (Lyon), les Instants Chavirés (Paris), Ici l’onde (Dijon), le BAL (Paris), Sonic Protest (Paris), entre autres. Elle tourne ses créations et performances, allant des scènes subventionnées aux lieux autogérés. Impliquée au sein du Performing Arts Forum à Saint-Erme, elle co-organise des événements (Summer University de 2012 à 2014) et y mène des workshops immersifs (CIRCUS ’N SPIRALS depuis 2017). En 2023, elle commence un travail pédagogique au sein la maison d’arrêt d’Amiens. Elle est également interprète et a travaillé auprès de Mark Tompkins, Phia Ménard, Nathalie Broizat. De 2014 à 2019, elle collabore étroitement avec les artistes plasticiennes Amélie Giacomini & Laura Sellies dans la création de performances et films (Sénégal, Lanzarote, Paris, Annonay, Lyon). Anna Gaïotti déploie et développe un travail d’écriture qui témoigne de l’expérience de son corps dans la danse, dans sa vie intime lors de ses de ses voyages et immersions sur les frontières. Ses écrits sont une sorte de regard ethnologique et sociologique sur la question des survivances des danses et des musiques, des transitions et transformations dont les peuples et les êtres font preuve, sujets aux bouleversements d’un environnement. Ainsi elle s’immerge dans le milieu de la prostitution (Zürich), et plus tard au frontières éthiopiennes et sud soudanaises au sein des peuples Hamar et Nyangatom. Elle passe par le prisme de son corps et de sa propre réalité érotique pour amener une écriture qui oscille entre témoignage et fiction, nourrie par les croyances auxquelles elle se confronte. Ses écrits sont publiés chez l’Échappée Belle et Artderien.