Art et science Atelier Performance Symposium

De la performance à la microperformativité

Programmation 13 avril : Entrée libre
Programmation 14 avril après-midi : Entrée libre
Programmation 14 avril soirée : Tarif 10€ – Je réserve

                      

Avec les propositions artistiques de
Yann Marussich
Gwendoline Robin & Vincent Martial
Virgile Novarina, Walid Breidi & LABOFACTORY

Avec les contributions de
Lucie Strecker
Paul Vanouse
Marion Laval-Jeantet
Mariana Pérez Bobadilla
Irini Athanassakis
Bernard Andrieu
Chris Salter
Dominique Peysson

Une proposition curatoriale de Jens Hauser 

Un événement organisé par l’École Polytechnique/Chaire Art-Science,
Le Générateur, le Centre Wallonie-Bruxelles et l’Association OU/VERT


Le concept de microperformativité dénote la tendance actuelle de l’art performatif de déstabiliser la place habituellement prépondérante de l’échelle humaine. Il interroge le monde microscopique et ses agents biologiques et technologiques comme de nouveaux acteurs de l’art. 

À l’heure où la performance prend une place de plus en plus grande dans l’art, ces expériences contemporaines de microperformativité redéfinissent ce que l’art, la philosophie et les techno-sciences considèrent comme un ‘corps’ aujourd’hui, en invitant de nouveaux acteurs : séquences génétiques, mécanismes cellulaires, bactéries, champignons, enzymes et autres protéines, des ‘matières vibrantes’ de la physique, mais aussi des algorithmes de trading haute fréquence ou des réseaux d’apprentissage profond de l’intelligence artificielle. 

Le concept de « microperformativité » souligne et contextualise l’attention récente portée aux agentivités autres qu’humaines, à la fois biologiques et techniques. Ainsi, le terme défie et renverse la tradition mésoscopique dans laquelle les considérations phénoménologiques humaines sont toujours enracinées. À une époque où l’art de la performance – celle qui concerne principalement le corps humain – évolue vers une performativité en art généralisée, les artistes redéfinissent ce qui est considéré comme un corps aujourd’hui, en déplaçant l’attention des actions mésoscopiques vers les fonctions microscopiques, des gestes physiques aux processus physiologiques, ainsi que du temps diégétique mis en scène (le temps du théâtre) vers le vrai temps performatif d’une expérience.

« Les bactéries effectuent des processus. Les scientifiques performent des expériences. Les algorithmes performent des actions.  Les humains performent le genre et le sexe. La question est de savoir qui ou quoi ne performe pas de nos jours ? » demande ainsi le théoricien Chris Salter.

Compte tenu de l’intérêt artistique contemporain pour la recherche scientifique, par exemple sur le microbiome ou la biologie synthétique, ici, des fragments de gènes, des cellules, protéines, enzymes, bactéries ou virus jouent un rôle de proxy, alors que la sociologie des sciences analyse les systèmes expérimentaux, tout en mettant en question l’échelle de l’action humaine comme unique point de référence. De telles pratiques artistiques inspirées par les techno-sciences cherchent à stimuler une prise de conscience allant de l’invisibilité du microscopique à l’incompréhensible complexité du macroscopique, en proposant des œuvres d’art procédurales en compression mésoscopique qui exigent, pourtant, une remise en question de nos habitudes perceptives, humaines-trop-humaines.

Ce festival est organisé en lien avec la parution de la publication « On Microperformativity » (première française), éditée par Jens Hauser & Lucie Strecker :
https://thecpr.org.uk/product/25-3-on-microperformativity/
La publication sera en vente sur place au prix de 20 €

Photo © Emilie Salquèbre – Festival Souterrain

Jeudi 13 avril : Démonstrations et ateliers participatifs

De 9.30 à 17.30 > CNRS-École Polytechnique, Laboratoire d’Hydrodynamique (LadHyX)
91128 Palaiseau

 

Nombre de participants limité à 20 personnes, inscription par courriel à maxime.lafforgue@legenerateur.com jusqu’au 11/04/2023:
Merci de mentionner votre nom, profession/affiliation, et 1-2 phrase/s sur votre motivation.

Atelier 1
Et mainte page blanche entre ses mains froissée
Nicolas Reeves (École de Design de l’UQAM Montréal), Pierre Bourdon & Jean-Marc Chomaz (CNRS-École polytechnique)

Atelier 2
Zoïmorphisme
Antoine Desjardins (Reflective interaction, EnsadLab), Giancarlo Rizza & Andrea Cosola (Laboratoire des Solides Irradiés/LSI, Institut polytechnique de Paris, CEA/DRF/IRAMIS, CNRS)

Atelier 3
Portraits dynamiques d’ADN
Paul Vanouse

Démonstration A 
Pollen, le sens où tournera la ronde
Karine BonnevalNicolas Visez (LASIRE/CNRS-Université de Lille) & Jean-Marc Chomaz (CNRS-École polytechnique) 

Démonstration B
Une solution au problème de la raréfaction du temps
Marco Suarez Cifuentes & Jean-Marc Chomaz (CNRS-École polytechnique)


De 19.00 à 21.00 > Le Générateur
94250 Gentilly  

Autour de Microexplosive road, installation performative de Gwendoline Robin et Vincent Martial

Microexplosive road est le titre provisoire d’un travail d’exploration collaboratif entre Gwendoline Robin et Vincent Martial – tous deux artistes performers dont la pratique plastique d’un côté, sonore de l’autre, se révèle dans le mélange intrinsèque de ces deux domaines. A travers l’exploration microscopique de la matière en transformation, ils mettent en scène des processus de métamorphose amplifiés afin de créer un univers performatif. Des matières explosives, de la glace carbonique, des bougies se dégagent des microphénomènes dans des espace-temps mettant à l’épreuve la sensibilité de l’auditoire.

Production: Sonambule et asbl S.T. 10-13 ; coproduction: Centre Wallonie Bruxelles, La Muse en circuit, Matrice ; Soutien : Les Halles de Schaerbeek, Lisboa Soa

20.00-21.00 / Regards croisés : Table Ronde avec Virgile Novarina & Vincent Martial, animée par Jens Hauser

Vendredi 14 avril : Colloque et actions performatives

De 13.00 à 22.00 > Le Générateur
94250 Gentilly

Symposium en français et anglais, sans traduction simultanée

Rêve quantique – le jour où j’ai imaginé l’océan / Installation – performance
Virgile Novarina, Walid Breidi et LABOFACTORY (Jean-Marc Chomaz & Laurent Karst)

Lorsque nous dormons, notre cerveau traverse différents états créatifs, nous voyons des formes et des couleurs dans l’obscurité et nous entendons des sons dans le silence. Il y a donc un véritable fossé entre l’apparence inerte d’un dormeur et la richesse de son expérience intérieure. L’installation Rêve quantique propose au visiteur une relecture sensorielle et poétique de ce paradoxe. Dans la pénombre, un dormeur muni de capteurs semble interagir avec un mystérieux objet, une cuve transparente circulaire contenant un océan miniature, inerte en apparence – de l’eau dormante – mais dont les mouvements intérieurs sont révélés au sol par un jeu d’ombre et de lumière. Volutes, courants, vagues, et tourbillons, invisibles à l’œil nu, apparaissent au sol, traduisant en temps réel l’activité invisible du cerveau endormi. Dans cet océan miniature, les couches d’eau de densités différentes sont séparées par des interfaces naturelles, qui une fois agitées donnent naissance à des phénomènes révélés au sol par un procédé d’ombroscopie.

Avec la participation de Didier Bouchon, Antoine Garcia & Giancarlo Rizza, avec le soutien de la Chaire Arts et Sciences de l’Ecole Polytechnique, de l’ENSAD-PSL et de la Fondation Daniel et Nina Carasso.

14.00 Symposium ‘De la microperformativité’ / ‘On microperformativity’

14.00 – Jens Hauser (FR):
Microperformativité et biomédialité – Une généalogie des termes

14.30 – Lucie Strecker (EN):
A Close Reading of Microperformativity: Artistic Applications & Implications 

15.00 – Paul Vanouse (EN):
Labor: The post-anthropocentric body ‘at work’

15.30 – Marion Laval-Jeantet (FR):
L’art et le microbiome : Nouveaux lieux de microperformativité dans l’œuvre d’Art Orienté Objet

16.30 – Mariana Pérez Bobadilla (EN):
Microorganisms on Stage: Winogradsky columns as performative displays in art and science

17.00 – Irini Athanassakis (FR):
STILLLEBEN avec symbiotes

17.30 – Bernard Andrieu (FR):
Microperformativité émergente : À propos de la médiation physiologique dans les performances ‘immobiles’ de Yann Marussich

18.00 – Chris Salter (EN): 
Epistemes of Performativity

18.30 – Dominique Peysson (FR):
Homme-et-femme-sur-puce. Micro-performances à différentes échelles


20.00 – Bain Brisé / Performance
Yann Marussich

Dans Bain Brisé, Yann Marussich est écrasé par le poids excessif du verre brisé dans une baignoire ; seul son avant-bras est visible à la surface du magma tranchant et cristallin. Au risque que le corps soit coupé, blessé et étouffé, l’artiste tente de s’en sortir avec une lenteur presque immobile, haletant le souffle de la résurrection. « L’immersion se fait ici par osmose, en faisant du corps un morceau de ce verre qui l’entoure. […] Ce ‘slow-art’ est utilisé comme un approfondissement de la conscience et comme un éveil très attentif à la pression du verre brisé qui serait autrement tranchant. Il faut une préparation mentale et du temps pour ralentir le rythme cardiaque, activer ses ‘boucliers’ énergétiques, comme le qigong enseigne un travail respiratoire et circulatoire pour apprivoiser la douleur, et ne penser à rien. » (Bernard Andrieu) La micro performativité aide la personne à faire l’expérience du vide de la pensée : « Ne rien faire ! C’est tout le paradoxe de la méditation que d’apprendre à lâcher sa pensée. Dès que l’on s’accroche à une pensée, on en ressent la douleur. » (Yann Marussich)